Brève histoire de la paraphrase des psaumes
Les premières traductions des psaumes en français sont antérieures à la Réforme et émanent en particulier de Jacques Lefèvre d’Etaples. Elles datent de 1521, l’année où Luther traduit la Bible en allemand. Luther fait partie des auteurs qui utilisent la paraphrase. Son cantique versifié de Marie est une paraphrase du Magnificat, ainsi que celle de l’Exurgeat, (Psaume 68: Que Dieu se montre seulement devenu "c'est un rempart que notre Dieu" dont il composa lui-même la musique. Celles de Lefèvre sont précoces Les premières paraphrases réformées sont d’ailleurs celles de Marguerite de Navarre, la sœur du roi François Ier. Sans entreprendre de traduction confessionnelle, Lefèvre reste dans le domaine de l’humanisme.
Olivetan
Olivetan (Pierre ROBERT dit , mort en 1538) est le premier auteur officiel à traduire la Bible en français , et par conséquent les psaumes, à partir des textes originaux, hébreu de l’Ancien Testament et grec du Nouveau Testament. Cousin de Calvin, il publie sa traduction en 1535 à Neuchâtel. Jusqu’alors, la traduction des psaumes s’inscrivait dans celle, plus globale, de la Bible.
Clément Marot
Clément Marot marque la transition entre la paraphrase littéraire et la paraphrase confessionnelle. Son premier ouvrage de psaumes traduits est entrepris dès 1531. Marot l’offre au roi François Ier. Tout commence vraiment quand Calvin va chercher le poète pour traduire le reste des psaumes : Trente psaumes de David (1541). Marot craignant les persécutions rejoint Calvin à Genève en 1542, puis il part pour Turin où il meurt, laissant ses traductions en l’état, en 1545. Les psaumes de Marot sont la base des quatre psautiers les plus connus en langue française : celui de Lyon, Paris, Genève et Lausanne.
Calvin confie la suite des paraphrases des psaumes à son futur successeur Théodore de Bèze, qui les complète. L’ensemble donne naissance au PSAUTIER DE GENEVE, dit aussi PSAUTIER HUGUENOT, ou encore PSAUTIER FRANÇAIS. Trois ans après la publication du psautier officiel de Genève, les textes paraphrasés sont repris par le compositeur Guillaume Franc, qui les adapte « au chant de Lausanne ». Cette version légèrement différente prend le nom de PSAUTIER DE LAUSANNE.
Au 17e siècle, le poète Valentin Conrart reprend à son tour les psaumes pour les traduire en un français plus contemporain et plus exact, et plus fidèle au sens théologique. Il est aidé par Marc-Antoine de La Bastide. On parle alors de la traduction « Conrart-La Bastide », car il s’agit d’une co-écriture. Au 19e siècle, le grand Louis Second abandonne le mode de la paraphrase dans sa traduction des psaumes. Récemment enfin, une paraphrase contemporaine des psaumes a été entreprise par Roger Chapal.
Thierry BOBINET